▬ Bien le bonsoir ! J’espérais que vous n’auriez pas de demoiselle ce soir, il semblerait que j’ai fait le bon pari ! Vous ne me connaissez probablement pas, mais moi si Duc Underneath Link Oz Eutrope.

Il ouvrait les bras, esquissait un sourire trop beau pour ne pas indiquer une victoire personnelle, limite moqueur aux yeux du Duc qui ne manqua pas de froncer les sourcils. La présence masculine de cet être dans sa chambre le rendait vert. Où était-il allé ? Combien de fois avait-il fait ce numéro avant ? Qui était-il ? Rares, voir même inexistants étaient ceux qui connaissaient tous les noms du jeune noble. Il n'aimait pas ça, vraiment pas, ça faisait beaucoup trop d'un coup. Connaitre tout ses noms, c'était un peu comme connaitre toute sa vie... Que pouvait-il savoir d'autre ? Il n'en savait rien et ça le frustrait au plus haut point. Le pire dans cette affaire, c'est que son indésirable invité était présentable, et lui absolument pas...

▬ Oh et n’appelez pas votre garde, ils ne feraient pas long feu contre moi.

Sûr de lui en plus de cela n'est-ce pas ? Il avait tout pour plaire aux femmes, cet... ARGH ! Bien malgré lui, il obtempéra et se tut. De toute façon, ses hommes n'auraient jamais le temps de lui venir en aide si l'assassin présumé venait attenter à sa vie. Il ne pouvait que compter sur lui même. Et sous sa forme d'humain il n'avait absolument pas confiance en ses capacités. Et s'il devait se transformer en dragon, il ne savait pas s'il en aurait le temps. De plus il ne devait pas laisser de témoin vivant, et reconstruire son manoir serait une véritable plaie ! Jamais il n'avait connu pareil ultimatum... Il referma soigneusement la porte derrière lui, n'esquissant pas le moindre geste brusque. Il n'avait aucunement l'intention de lui donner envie de lui sauter à la gorge, abrégeant prématurément sa vie. De plus il n'avait pas donné de fils, le Duché de la Noria serait très probablement soumis à la guerre civile et à tout le tralala...


 

▬ Oh. J'imagine que je suis en très mauvaise posture n'est-ce pas ? Il n'empêche que j'ai quelques revendications à faire. Si vous m'assassinez, soyez gentils et épargnez le tapis. Ensuite si vous pouviez me laisser rédiger mon testament, histoire que quelqu'un s'empare de mon Duché sans verser trop de sang, ça rend les terre infertiles voyez-vous. Ah, j'ai failli oublier, ne me creusez pas une tombe, je suis légèrement claustrophobe...

Il se moquait bien évidemment de tous les points qu'il avait cité, mais parler ça avait le don de le détendre même dans les situations critiques. Quoique là... il allait devoir parler vraiment beaucoup s'il voulait pouvoir respirer en toute quiétude. Il s'avança vers l'un des sièges et prit place.


 

▬ Trêve de plaisanteries. Que faites-vous ici ? Quel est votre nom, vous qui en savez tant sur ma personne ?

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▬ Je me nomme Alfrat Marël, je suis un représentant du peuple des elfes de feu. Et si je suis ici c’est pour traiter avec vous !

Les elfes de feu ? Parlait-il réellement de cette race anéantie ? Ou plutôt, qui s'est auto-génocidée ? Il aurait dû s'y attendre... Il savait pourtant qu'il n'y avait pas de légende sans survivants. Un point non-négligeable. Alfrat Marël... Marël... Alfrat... Un nom qui résonnait dans son esprit de façon assez effrayante. Le lézard était persuadé de l'avoir déjà entendu, à plusieurs reprises, mais il ne parvenait plus à relier les évènements entre eux, le stress causé par son interlocuteur brouillait un peu les connexions neuronales. Dans le pire des cas, si c'était vraiment important, il se souviendrait de tout cela plus tard. Car oui, il y avait un plus tard ! Enfin, si son invité était un homme de parole, bien entendu. Neat' se promit une chose, jamais plus il ne se ferait surprendre. Plus jamais de sa vie tout entière. S'il devait installer des pièges dans sa chambre, ainsi soit-il ! Son manoir serait comme une pyramide, son tombeau ! Un tombeau dans lequel il se condamnerait à cause de sa maladresse mais au moins personne n'aurait de pouvoir sur sa vie, ni de lame sur sa gorge. Il le regarda parcourir la pièce un peu perdu dans ses propres affaires.

▬ Quelque chose qui devrait vous plaire, je sais que ma compatriote, seule survivante d’un carnage qu’elle a perpétré, s’approche de votre ville afin d’y trouver des matériaux j’imagine pour forger

Le Duc du Nord fronça les sourcils. Une femme, qui forge ? Quoi ? A quel époque vivaient-ils pour se permettre ce genre de folies ? N'y avait-il pas suffisamment de forgerons ? Il fallait que les femmes aussi souillent cet art ancestral ? Elles sont partout... Comme la Peste. Elle devait fabriquer des broches en métal ou ce genre de bêtises... Il serait très surprenant qu'elle sache manier des armes ou il ne pouvait imaginer quoi d'autre. Enfin, tout ceci, c'est son point de vue. Bref. Il ne voyait cependant pas en quoi tout ceci pourrait l'intéresser ni même lui causer le moindre tort. Jusque là, rien de réellement pertinent. Quoique son sourire laissait entendre que le meilleur était pour la fin. Il capta l'attention de Neat' en quelques instants.

▬Elle est des plus belles, vous n’en serez sûrement pas déçu. Une couleur de peau similaire à la mienne, légèrement plus claire, des cheveux d’un blanc presque argenté, une jeunesse éternellement figée sur ses traits parfois presque enfantins et des yeux d’une couleur de flamme sublimes dans lesquels dorment des sentiments purs et des courbes proportionnées que vous ne trouverez nulle part chez les humains à mon humble avis. Bien sûr elle ne sera pas évidente à aborder, mais si elle vous plaît je souhaiterais quelque chose, que vous la manipuliez, lui fassiez le plus grand mal, trahissiez la confiance que vous aurez tissée… Puis la tuerez.

Soit cet homme était malin, soit il en savait vraiment beaucoup sur le parcours du noble... Aguicher des femmes, les mettre dans son lit, les chérir pendant quelques années histoire que la confiance soit bien ancrée, puis finir par les tuer... C'était quelque chose en quoi il excellait ! Avouons tout de même qu'il avait eut quelques années et quelques personnalités féminines sous la main pour s'entrainer... Il en était fier, mais ce n'était pas quelque chose qu'il criait sur tous les toits. Et savoir qu'un inconnu avait un coup d'avance sur lui, ça le mettait plutôt mal à l'aise. Il croisa les jambes et passa une main dans ses cheveux. Pas pour se recoiffer -non ça c'était peine perdue- il s'agissait plutôt d'un tique qu'il exécutait quand il se mettait à réfléchir sérieusement. S'il refusait, il allait peut-être se faire tuer. S'il acceptait il allait rendre un service, mais aucune de ces deux situations ne lui convenaient. Et lui dans tout ça ? Ça lui rapporterait quoi ? La vie sauve ? Il préférait mourir en ayant refusé un marché injuste plutôt que de vivre en lâche n'ayant rien d'autre le regret de n'avoir rien exigé.

▬Traiter avec moi ? Ou m'imposer une situation ? Vous savez, je ne vends pas mes services. Si je puis vous conseiller, à votre place soit je ml'en chargerai seul, soit j'irai engager un assassin, un vrai.

Il se permit un sourire sympathique.

▬Une chose que vous devez comprendre, c'est que je ne met pas de putains dans mon entourage. Si vous voulez que je collabore avec vous et que je ne m'allie pas avec votre très chère compatriote, alors j'aimerai y gagner quelque chose. J'imagine que vous pouvez comprendre. Ah et ma vie ne fait pas partie du marché, elle est incluse. Qu'est-ce que vous faîtes dans la vie Alfrat ?

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▬ JHum… voyons voir. J’étais seigneur d’une grande cité elfique, maintenant je voyage, et rassemble diverses informations pouvant m’être utiles. Quant à cette demoiselle et votre intérêt dans ce service : elle est la dernière représentante de notre race, donc d’une grande valeur et les armes qu’elles portent vous reviennent volontiers de droit si vous effectuez votre part du marché. Je n’en ai de toute façon pas l’utilité et ce sont des lames uniques et de collection vous pouvez en être certain. D’une des plus hautes qualités jamais forgée.

Seigneur ? Rien que ça ? Il avait en face de lui, le seigneur d'une race quasiment éteinte ? Tout à fait normal ! Ce genre de choses arrivait à n'importe qui bien évidemment ! Surtout à lui... Sans oublier que ce seigneur oublié sans aucun atour pouvant indiquer sa classe sociale le menaçait de mort... Neat' allait croire qu'il avait tout gagnait d'un coup.
Le mot "collection" fit briller une lueur dans le regard du Duc. Son point faible était atteint. Maniaque de façon maladive et égoïste, il adorait entreposer des objets uniques dans une salle à l'emplacement tenu secret. Il avait peur que ses domestiques lui volent un jour ses biens, raison pour laquelle il veillait à entretenir ce lieu seul.
Des lames de collection, uniques, appartenant à une civilisation disparue en s'auto-génocidant... Ça ne valait pas rien à ses yeux, loin de là même, c'était beaucoup plus que ce qu'il espérait. De plus, si elle était la dernière représentante de sa lignée, alors elle était elle-même, une pièce unique qui pourrait se vendre ou se montrer dans une vitrine à prix d'or...

▬ Mais si vous préférez j’ai de l’or ou des pierres précieuses.

Il ne grimaça pas, mais presque. C'était presque de la boue comparé à ce qu'il lui promettait précédemment. Mais le dragon n'en pipa mot, beaucoup trop intrigué par les sourcils froncés de son interlocuteur, devenu soudainement sérieux, comme s'il allait exposer un détail qui pourrait se révéler problématique.

▬Ce n’est pas une proie facile, bien loin de tout ce que vous avez fait. Elle est au moins aussi dangereuse que moi, manie les armes à la perfection et a un sale caractère, faites attention à vous. Oh… lui faire mal ou la tuer est très compliqué. Il faut viser droit au cœur avec ceci.

Ah ? Parce qu'en plus d'être une pièce unique elle était aussi une guerrière confirmée ? Voilà qui n'allait pas DU TOUT faciliter les choses. Tout ce qu'il savait faire lui c'était manier les mots, la rapière avec laquelle il se baladait, il n'avait aucune idée de comment s'en servir ! Il connaissait bien évidemment le principe, l'enfoncer, tuer, la retirer, mais ça s'arrêtait là. Il ne savait pas du tout comment il allait se dépêtrer d'une situation pareille, mais une chose était certaine, il n'avait pas vraiment le choix. En plus il n'avait absolument aucune envie de tuer la pièce qu'il allait acquérir. Morte, elle n'avait aucun intérêt. Mais tout ceci, il aurait le temps d'y réfléchir plus tard.
Il regarda Alfrat, extirpant un fin stylet de sa botte. A croire qu'il avait des armes meurtrières partout celui-là...
L'étui était de toute beauté, sobre et pourtant d'apparence coûteuse. Ce ne devait pas être n'importe quoi.

▬ Attention, la moindre égratignure et vous risquez d’en mourir par contre.

Le Duc n'esquissa pas le moindre mouvement, le laissant poser l'objet sur le meuble, le suivant juste des yeux. Il n'avait pas l'habitude de ne pas monopoliser la conversation, pourtant, il tentait de rester le moins bavard et le plus prudent possible. C'était vraiment très dur. Il attendit que Alfrat s'éloigne, sans le consulter il se leva de son siège où il était enfoncé. Il glissa un doigt connaisseur le long du stylet, l'examinant lentement, sans trop savoir ce dont il pouvait bien s'agir. Une chose capable de le tuer en très peu de temps d'après son interlocuteur, à manier avec beaucoup de précaution pouvait-il supposer. Finement forgé pour un usage très précis.

▬ C'est fascinant. Je me demande ce que c'est... Une chose est sûre, vous semblez recouvert de trésors inestimables. Votre marché m'intéresse. Pas parce que vous vous êtes infiltrés chez moi, non plus parce que vous usez de force pour m'inciter à aller dans votre sens. Mais parce qu'il y a quelque chose à tirer de toute cela... Ah, ça fait bien longtemps que je ne me suis mis personne à dos, chassez le naturel et il revient au galop n'est-ce pas ?! J'ai juste un question, Alfrat. Si je la laisse en vie, je risque quoi ?

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