Je soupirais, encore une fois, je devais encore m'habituer aux changements brusque dans le vent. Ces changements qui m'aveuglaient pendant quelques secondes, ils me perdaient, mes repères se confondaient, ma carte mentale se brouillait à cause de ce changement de direction dans les vecteurs. Pourtant mes sensations me disaient que le vent n'y était pour rien. Qu'est-ce qui a bien pu causer cette variation alors ? Je suivais mon instinct et remontait vers la source de ces perturbations. J'ai marché, trébuchant de temps à autre à cause de racines que je ne pouvais repérer, et j'arrivais à la source. D'abords très furtivement, je me plaquais contre un arbre, et commençais à entendre les bandits discuter entre eux, je me concentrais encore un peu et j'entendais les cœurs des personnes présente. Onze personnes, deux oiseaux qui se faisaient petits, et un cheval. Je prenais une inspiration avant de sortir de ma cachette d'un pas assuré, et je dis d'une voix posée :

« Messieurs, ma dame, bonjour. Puis-je savoir ce que tout ceci signifie ? »

Les bandits sursautèrent et commencèrent à s'inquiéter. J'entendis même les arbalétriers murmurer entre eux pour savoir s'il ne valait pas mieux fuir. Mais je ne leur en laisserai pas l'occasion, je me jetais avec une vitesse foudroyante sur le premier et faisant tournoyer ma lance je le tranchait en deux suivant la hauteur comme s'il n'était qu'une feuille de papier. Toujours dans le mouvement, et refaisant tournoyer ma lance, je finissais par attaquer d'estoc le suivant lui perçant le crâne et je retirais la lance avec autant de facilité que s'il ne s'était agit que d'un être d'eau. Suite à ça les carreaux rebondirent contre mon armure et se fichèrent au sol sans laisser la moindre éraflure à l'acier. J'explosais d'un rire presque amusé avant de leur dire, les larmes aux yeux :

« Allons, vous pouvez faire mieux que ça, là vous n'essayez pas. Vous n'allez tout de même pas laisser un aveugle vous décimer en gardant juste une tête d'imbécile surpris par plus fort que lui ? »

Puis je me remettais en position de combat en faisant tournoyer ma lance et en plaçant le manche vers le ciel et la pointe-lame vers le sol. Je gardais un sourire insultant et leur faisais signe d'approcher s'ils l'osaient. J'étais sur de mon coup, et si mes suppositions étaient bonne, je n'allais pas être seul dans ce combat.

Elle marquait un point… même si je ne savais pas qu'elle en était une. Qu'importe, je retirais avec quelques difficultés mon armure, la posant avec mes armes dans un coin non loin du feu qu'elle avait fait, tout pendant qu'elle me disait qu'elle n'allait pas plier tout les abrutis de ce monde. Elle n'avait pas tord, mais je parlais des abrutis qui l'avaient menacés… peu importe. Je m'asseyais au sol en soupirant de soulagement, après tout j'aimais m'inviter chez les gens qui semblaient amusant ou se préparaient à vivre des aventures dantesques. Je baillais un peu avant de dire :

« Il y a un instant, pendant l'affrontement, j'ai dit être aveugle… et bien c'est pas tout à fait vrai. Dans les fait je suis aveugle, mais j'ai un pouvoir qui fait que je vois plus ou moins… je ne parlerai pas de ce pouvoir, mais je ne vais pas nier que l'explosion du bras de l'autre idiot est lié à cette capacité. Je ne vais pas non plus cacher que je suis aveugle depuis ma naissance, et que j'aimerai bien voir le monde… mais je ne pense pas que ça arrive un jour… juste un rêve d'enfance qui ne peut être soigné par les pouvoirs de bien des soigneurs. »

Je soupirais encore une fois avant de prendre ma lance et de l'aiguiser, j'étais souriant tout en sachant que j'allais devoir aussi nettoyer mon armure. Ce qui allait me prendre du temps. Je marmonnais un peu, discutait avec elle, tout en étant attentif à mon environnement. Je n'étais pas sûr que les couillons qu'on avait défoncé allaient revenir, et s'ils revenaient ça serait bien accompagnés. Malgré la certitude quasi absolue que les bandits ne reviendraient pas, mon instinct me disait d'être prudent… il avait raison, on est jamais trop prudent. Je posais ma lance et commençait à nettoyer mon armure, tout en lui demandant :

« Tant que j'y pense Lyana, si vous avez une quête, un but ou n'importe quoi d'autre qui rentre dans ces conditions, je veux bien vous accompagner, pour vous épauler. J'espère que vous êtes d'accord ? »

Il était rare que je demande la permission de quelqu'un pour le suivre, en général si une personne était intéressante je la suivais, et fin de l'histoire, mais là son assurance, et sa manière de s'exprimer me donne à penser qu'elle avait un sacré caractère, le genre qui me plaisait beaucoup. J'avais un léger respect pour elle, à voyager seule tout en ayant un talent certain pour le combat. Bien que je n'aimais pas beaucoup qu'une femme se batte, je n'avais rien contre le fait qu'une femme use d'arme pour se défendre. Je soupirais en constatant que mon armure était presque propre. Et je posais mes yeux aveugles sur elle en attendant sa réponse.

Sa réaction à ma question concernant les quêtes fit hurler mon instinct, ce qui mua la couleur bleue de mes yeux en un ambre brillant, et fit pousser brutalement mes canines -autant inférieure que supérieure- Dévoilant une queue et des oreilles. Je sentis le pouvoir opérer, mais je ne le vit pas et comment l'aurais-je pus ? Son cœur a à peine accéléré et sa colère s'est à peine dévoilée que mon corps à réagit spontanément. Et avec violence je me mis à tout entendre et tout sentir sur des centaines de mètres, ce qui me surpris vu qu'il fallait que je me concentre habituellement. Je frissonnais, autant c'était grisant cet amplification de sensation autant l'amplification de mon instinct me frustrait. Je me sentais plus faible que je ne l'étais réellement et ma cécité n'était pas un handicap grâce à mon pouvoir… finalement je sentais que je devais accompagner cette elfe, peu importe sa destination et qu'importe sa quête.

Je prenais une longue inspiration, le temps de calmer mon sang, le temps de ravaler ma rage, le temps de dompter ma bête, en somme le temps de reprendre forme humaine. Elle méritait ma confiance, mon respect et mon allégeance, et je serai le symbole de sa justice. Je laissais mon humanité sur mes traits avant de lui répondre d'une voix emprunte de respect, et aussi d'un peu de douceur :

« Peu m'importe ta destination, je te suivrai jusqu'à ce que tu aies accomplit ton objectif… tu prétends être une elfe, mais vu ton caractère enflammé, je vais me permettre d'assumer qu'il est le symbole de ta race. S'il est une personne que tu désire mettre à genoux devant la sainte divinité de la justice, ma lance est tienne. Je serai ton preux chevalier. D'ailleurs, pour répondre à ta question concernant ma vue… comment expliquer… disons que mon pouvoir me permet de voir toutes les forces en œuvre autour de moi, et mon esprit me permet des les manipuler. Ces forces me montre la réalité telle qu'elle est, et elle est noire, ainsi je ne vois que des milliers de flèches qui parcourt l'espace autour de moi, sur ces milliers de flèches je vois des chiffres qui me disent tout sur la force en question, et une fois ces connaissances accumulées, je peux les manipuler. »

J'aimais expliquer mes pouvoirs, mais j'étais aussi très malin, j'avais donc manipulé l'onde sonore pour qu'elle n'aille que dans les oreilles de Lyana, seule elle avait entendu ma phrase et elle l'avait entendu de la même manière que si je lui avait susurrer ces mots à l'oreille. Je souriais en regardant dans sa direction, j'avais fini de nettoyer mon armure et je l'avais posé non loin de moi. Je recommençais à parler en maniant toujours le son pour que seule elle m'entende et qu'elle l'entende comme un simple murmure :

« Je n'ai que ton odeur, les pulsions de ton cœur et le son de ta voix pour savoir à quoi tu ressemble, et pour le moment je te vois comme la plus belle personne qui m'aie été donné de rencontrer, voilà mes raisons de te suivre. »

Je lui souriais en attendant ses réactions.

Je prenais l'écuelle qu'elle me tendait tout en lui souriant, je me faisais violence d'ailleurs pour ne pas rire, car il n'était pas rare qu'on me dise que mes actions soit perturbante, en fait c'était même très fréquent, ce qui était plus rare par contre, c'était qu'on me dise avoir des sens très fins… ça c'est perturbant quand on est pas préparé, bien que je m'attendais à ce qu'elle dise quelque chose de ce genre. Je soupirais avant de manger avec prudence, j'étais habitué à mon état, mais ça ne m'empêchait pas de risquer de m'en mettre partout… le ragoût faisait danser mes papilles, le goût était merveilleux, un repas comme j'en ai rarement eu. Je souriais amusé, et j'explosais totalement de rire après sa seconde réplique, c'était plutôt magique de la manière dont elle avait refusé mes compliments, et même avoué qu'elle voulait rester seule, et c'est avec beaucoup d'humour et d'auto-dérision que je lui dis :

« T'en fais pas, je sais me faire tout petit, tu pourrais presque me cacher dans ton sac à dos. -j'explosais d'un rire sonore avant de me reprendre- Comment veux-tu que je t'aide à redorer le blason de ton peuple si je ne t'accompagne pas ? Surtout dans mon état… je vois même pas mes orteils ! Qu'importe ton point de vue, je te suis, autant pour t'aider que pour te protéger. »

Je fermais les yeux une fois mon repas terminé, ne sachant réellement quoi dire ou même quoi faire… puis j'eus une idée géniale, ou plutôt normale. Je retirais mes vêtements sans la moindre pudeur, sans la moindre hésitation dévoilant un corps aux muscles finement dessinés, puis je prenais ma forme hybride et enfin ma forme de loup, dévoilant un loup d'un mètre quarante de haut et au poil de la couleur des feuilles puis je baillais un peu et j'allais m'allonger non loin d'elle en attendant de voir ce qu'elle comptait faire ensuite. Tout en sachant que sous ma forme actuelle, je gardais les yeux fermés et ne me repérais qu'au son et à l'odorat. Et j'entendais son cœur battre lentement, un peu plus vite qu'à l'habitude de toutes évidences vu qu'elle s'était énervée il y a peu. Je laissais ce doux battement me bercer.