Un soir, lors d'une crise de nostalgie, le Duc s'était éloigné de son château, avait prit sa forme de reptile et s'était envolé. Au début, son envol n'avait rien de... de dragonesque. Voilà longtemps qu'il n'avait pas déplié ses ailes, encore plus qu'il n'avait pas vu la terre depuis le ciel. Il s'y était reprit à plusieurs fois avant de parvenir à quitter le sol. Et un dragon qui tombe sur le sol, ce n'est pas trèèèès discret... Plusieurs fois dans la nuit, il fut contraint de s’éloigner dans un lieu qu'il pensait inhabité, de peur d'attirer du monde. Il maintenant sa couverture d'humain depuis beaucoup trop d’années. Même s'il ne dupait que les humains, que toutes les autres races savaient pour lui, il ne voulait pas détruire la moindre pierre qu'il avait pu poser.

Quand enfin il réussit à disparaitre dans le ciel noir, il se sentait bien. Libre. Le vent glissait sur ses écailles, comme de l'eau. Il ouvrit légèrement la gueule, poussant un soupire chaud, battant des ailes à allure modérée. Il y avait quelque chose dans sa forme originale qui l'apaisait, de manière assez étrange.Quand il était ainsi, dans sa tête, il n'y avait plus rien. Il n'y avait plus toutes ces questions incessantes, il n'y avait plus ce plan qu'il ne cessait de mettre en place, même quand il dormait. C'est comme si en tant que dragon, il avait l'esprit parfaitement calme, comme la surface d'un lac. Il survola plusieurs lieux pendant un certain temps. Pendant au moins une bonne partie de la nuit, dans le silence et l'obscurité qu'il trouvait rassurante. Quand il aperçut au loin, la chaîne de montagne qu'il connaissait si bien, une lueur s'illumina dans ses yeux. Une sorte d'étau lui serra le cœur.

Il arrêta d'avancer, faisant du sur-place. Pouvait-il y aller ? Lui qui avait tout délaisser pour une ascension sociale au cœur de la vie des Hommes ? Regrettait-il ses choix ? A cette réponse, il répondait non. Regrettait-il sa famille dans ce cas ? De la même manière, il était certain d'avoir fait le bon choix. Cependant, il n'était pas sûr de ne pas regretter le côté nomade que lui imposaient ses parents. La liberté, l'aventure, au bout d'un million d'années, ça commençait à l'ennuyer de rester assis sur une chaise à pavoiser devant des Dames et des messieurs. Il regarda derrière lui, là-bas, son château. Il retrouverait son petit train train quotidien de riche orgueilleux. Devant, le parfum de la liberté, la promesse d'avoir chaque jour une nouveauté... Il en avait envie, juste pour une journée. Il reprit la route, accélérant encore et encore, toujours plus vite. Le vent lui battait le visage, mais ses écailles le protégeaient. Son cœur battait à tout rompre, telle était sa nature, enfin il pouvait exprimer cette puissance propre à son peuple, cesser de l'intérioriser. Être, tout simplement.

Il se posa sur les terres recouvertes de neige du mont Givrä. Il examina les alentours. Tout était resté identique... fabuleusement identique. Il ne reprit pas sa forme d'humain, de peur d'être reconnu par quelconque randonneur. Même par-delà les mers, les dires allaient beaucoup plus vite que la lumière elle-même, il ne le savait que trop bien. D'un geste de la queue, il chassa la neige tout autour de lui et s'allongea, la tête sur les pattes avant. Il ferma les yeux, fatigué. Si fatigué...

© By Halloween sur Never-Utopia

Gabriel & Underneath Հ « Pas besoin d’être un Dragon pour savoir faire des étincelles. »

▬ Je vois que je ne suis pas le seul à profiter de la douceur de la nuit pour faire une petite balade, n’est-ce pas cher confrère ?

Telles furent les paroles qui sortirent Underneath de ses pensées et par la même occasion, de sa solitude qui n'avait pas duré bien longtemps. Il manqua de sursauter de peu, réellement pris au dépourvu. Heureusement que ce ne fut pas le cas, car ce ne serait pas passé inaperçu sous sa forme de dragon. Il avait décidément perdu l'habitude et les réflexes allant de paire avec un environnement sauvage et inhabité de toute races jugées "civilisées".
Il ne savait pas trop s'il voulait ou non voir l’intrus, ne sachant pas s'il partirait ou insisterait en se sentant ignoré. Une chose était certaine, il ne l'avait pas appelé "confrère" pour des prunes ou alors il était stupide voir inconscient. On ne fait pas douter le Duc de la Noria, même pas en rêve !

En imaginant que le nouvel arrivant était bel et bien un dragon, sa voix presque gracile ne correspondait pas du tout avec l'image de gros reptile...
C'est à ce moment là que Neat' succomba, car la curiosité  était son pire défaut après l'orgueil et l'antipathie qu'il inspirait à la gente masculine. Il tourna la tête, sans bouger le reste de son corps étant donné que son cou était suffisamment long. Il dévusagea la demi-portion qui lui faisait face avec un grand sourire. Tout avait l'air si petit sous sa forme originelle, c'était véritablement déconcertant...
Il analysa minutieusement l'étranger, avec la discrétion multipliée par sa masse... Pas très subtilement quoi. Un dragon qui se présente sous forme humaine hein ? C'est vrai que s'il avait surgit de nulle part en tant que créature à sang froid, le Duc se serait sentit agressé. Pouvait-il supposer qu'il venait donc avec des intentions pour le moins pacifistes ? C'était fort probable. Il suffisait de lire ses pensées pour être sûr. Mais pris de flemme, le Duc n'en fit rien. Il était capricieux aussi...

Neat' -qui ne pouvait pas reprendre forme humaine par crainte d'être identifié et questionné- se leva et se retourna vers son interlocuteur tout entier cette fois-ci. Il posa sa tête à même le sol, la gorge contre la neige et les pattes parallèles. Il était fatigué du voyage et ne voulais pas paraitre méprisant, supérieur ou même agressif à celui qui avait fait quelques efforts avant de l'aborder.

▬ Il est vrai que la température est idéale  pour des dragons, une rareté dans les contrées lointaines à nos terres d'origine...

Il prononça ces quelques mots d'un air à la fois mélancolique et nostalgique, un drôle de mélange. Il enchaîna pour chasser les quelques souvenirs qui revenaient dans son esprit :





Avait-il dit avec un sourire embarrassé en ricanant nerveusement. C'était très étrange et déstabilisant pour lui de parler à l'un de ses semblables. Encore plus de ne pas faire appel à l'étiquette pour préparer des phrases toutes faîtes. A ses yeux, ce dialogue avait un petit côté... sauvage.

▬ Je m'appelle Link et Oz, appelez moi comme vous le souhaitez, et vous mêmes ? Etes-vous aussi en "vacances" si je puis le présenter ainsi ? J'espère ne pas piétiner votre territoire, ça m'arrive beaucoup trop souvent en ce moment...

▬ Puis-je avoir l'extrême impolitesse de vous demander de rester à mes côtés à discuter pendant quelques heures ? J'ai juste envie de quelque chose de simple... N'auriez-vous pas, par exemple, une histoire ou des anecdotes que vous pourriez me conter ? Je pourrais faire de même par la suite ?!

© By Halloween sur Never-Utopia