Je pourrais parfaitement dire que le bleu que j'avais sous les yeux n'était pas ni. Non, il miroitait, s'éclaircissait, se fonçait.. il pouvait même se parer de blanc. On pouvait même apercevoir certains poissons qui assombrissaient la surface. Le soleil empêchait à quiconque de fixer l'eau miroitante trop longtemps à cause de l'éclat aveuglant que celle-ci renvoyait.

Moi ? Je m'ennuyais (encore) et pour ne pas changer je m'étais de nouveau perdu. Je restais le plus loin possible de la surface aqueuse, un air partagé entre une crainte farouche et une certaine fascination. Je détestais 'eau, c'était ma pire faiblesse. Derrière moi s'étendait quelques dunes de sable et un peu plus loin encore, des terrains vagues, vide de vie si ce n'est celle de quelques animaux. Trois kilomètres plus loin se trouvait un grand village où les races de Zelia se côtoyaient et où j'avais commis un meurtre cette nuit même. Voilà pourquoi je me trouvais là, perdu et loin de toute civilisation. Si j'avais été un dragon ailé, je serais partis depuis longtemps par la voie du ciel. Mais j'étais amputé de ces appendices, me retrouvant dans l'impossibilité de trouver un chemin pour regagner l'une des grandes villes.

Ma forme de dragon était impossible à prendre, avec tout se sable, ce serait impossible de le retirer d'entre mes écailles de pierre par la suite, et c'était très désagréable. Je me contentais donc d'observer l'océan, peuplé de créatures plus dangereuses encore que les créatures terrestres.

Plongé dans mes pensées, déconnecté de la réalité, je ne fis pas attention à l'immense vague qui s'abattit sur la plage, me trempant de la tête au pied. Je me retrouvais à l'état de chien mouillé en moins d'une seconde et un long frisson glacé remonta le long de ma colonne vertébrale. L'eau, terrible hantise. Je grinçais des dents en glissant une main dans mes cheveux pour décoller les mèches qui s'étaient collées à mon front et secouais vaguement la main par la suite pour en décoller un maximum d'eau sans pour autant insister.

Un coup d’œil mauvais en direction de l'océan fut ma seule réaction après avoir déboutonné le premier bouton de ma chemise dans le but de la retirer. Sauf qu'un imperceptible mouvement à l'extrême limite de mon champ de vision ma força à me retourner pour poser mes yeux grenat sur une nouvelle personne que je n'avais pas ne serait-ce qu'entraperçu une seule fois.

HRP:

« On s'est déjà vu non ? Moi c'est Alban ! Et toi ? »

Je retiens l'envie de reculer. Mon espace vital se retrouve en même pas deux secondes sauvagement piétiné et ignoré. Ce type.. peu importe qui il est déjà, j'ai juste envie de lui dire de dégager, ou au moins de reculer si il est aussi collant que Gabriel. Ensuite, comment peut-il ne serait-ce que supposer que l'on s'est déjà vu alors que c'est la première fois que je le vois ? J'ai un mauvais pressentiment sur cette rencontre. Ce type est trop spontané, trop.. quelque chose. Il y a quelque chose dans ses yeux qui ne m'inspire par confiance pour l'avoir déjà aperçu chez d'autres. C'est trop, trop angoissant d'être face à se genre de personne et de sentir qu'il ne faut pas le tuer et ne rien faire contre lui. L'instinct ça vous parle ? Et bien mon instinct à moi j'ai l'habitude de le suivre et malheureusement là, il ne servait pas du tout mes desseins. Qui étaient de tuer se type et de cacher son corps.

« Non, nous ne nous sommes jamais rencontrés. Je m'appelle Lucifer, ravie de te rencontre, Alban. » fis-je sans pouvoir m'empêcher de rendre la fin de ma phrase mordante malgré mon sourire courtois.

Maintenant la question était si oui ou non je devais lui ord-demander de reculer pour me réapproprier mon espace vitale et sécuritaire. Sinon je pouvais toujours reculer moi même mais ma fierté me l'interdisait méchamment et moi même n'appréciais pas que l'on me force la main. Je m'avançais donc dans sa direction, passant à côté de lui, ôtant par la même occasion le regard dérangeant qu'il posait sur moi. Je pus finir de déboutonner ma chemise sans être dévisagé par l'humain, car son odeur était définitivement humaine, et décoller le tissu trempé de ma peau.

Je me retournais vers lui, quand même franchement agacé par sa présence ici alors qu'à cette heure relativement matinale normalement il n'y a personne.

« Que fais-tu ici ? Je n'ai pas l'habitude de voir les humains se rendre à la plage en hiver.. et tu es définitivement humain. »

Je voulais être tranquille et me faire oublier un certains temps. Même si je m'étais perdu et que j'étais trempée. De toutes façons je ne tomberais pas malade. Mais sa présence était embêtante. Je croisais les bras en réfléchissant. Pourquoi avais-je le sentiment qu'il ne fallait surtout pas le tuer ?