L'explosion prit tout le monde au dépourvu et les passants fixèrent la maison d'où s'échappait une lourde fumée noire qui n'annonçait rien de bon. Sauf que ni feu, ni nouvelles explosions n'eut lieu, soulageant tout le monde. Maëva, qui était à l'origine de cette explosion, sortait en se moment même en agitant une de ses mains devant son visage tout en toussant. Aujourd'hui elle était vêtue d'un short noir et d'un t-shirt gris. Ses mains étaient recouvertes de mitaine noire et elle afficha un sourire satisfait en s'observant sous toutes les coutures.

« Je savais que j'aurais besoin de couleurs foncés aujourd'hui ! » se réjouit-elle en posant ses poings sur ses hanches.

Son regard se posa sur l'état de son atelier et elle grimaça devant les dégâts. Les gens qui avaient assisté à l'explosion avaient déjà repris leur route, habitués au caractère étrange de la propriétaire. Un petit oiseau fait de métal sortit à son tour et se posa sur l'épaule de la jeune femme non sans avoir au préalable fait tomber un objet de forme sphérique dans la main de cette dernière qui fila sans plus se soucier du reste.

« Mais quand même, pourquoi ça a explosé ? Je veux dire, j'ai fait très attention.. » elle continua de marmonner ainsi tout en fixant la sphère qu'elle tenait entre deux doigts, les sourcils froncés par la concentration.

_____________________________________________________________

Debout sur le toit de l'église, Maëva jouait les équilibriste sans que personne ne soit là pour lui dire que c'était du parfait suicide. Elle se dirigeait avec détermination vers le clocher pour y mener son expérience après avoir trouvé ce qui clochait et ce qui avait provoqué l'explosion. L'oiseau en métal ressemblant à s'y méprendre à un colibri au plumage vert voleté autour d'elle, seul et unique témoin de son inconscience. Franchement, les génies étaient de parfait suicidaires. Un gloussement de joie échappa à sa créatrice et le colibri tourna en rond, inquiet.

La sphère qu'elle venait de créer avait pour hypothétique but de canaliser le pouvoir des élus – comme elle en était une et qu'elle ne connaissait pas les autres, c'était donc surtout dans son intérêt – lorsqu'ils ne savaient pas s'en servir entièrement. Et il lui manquait quelque chose d'essentiel pour la canalisation, quelque chose qu'elle pouvait trouver ici. Un rire de folle hystérique lui échappa et elle accéléra le pas pour atteindre plus rapidement encore son but.

Prudemment, elle tendit la main pour se saisir d'un morceau de pierre qui dépassait du mur du clocher. C'est cette foutue pierre qui lui manquait, et mieux encore, elle se trouvait dans un lieu sain, le bonheur ! Elle fit un nouveau micro pas en avant et c'est là qu'il y eut un craquement sinistre. Une sueur froide coula le long de son dos et elle maudit sa malchance ainsi que les dieux. Un nouveau craquement, suivit d'un deuxième et une petite partie du toit de l'église s'écroula, l'entraînant dans sa chute.

Loin de se laisser chuter, Maëva se contorsionna dans les airs, prit une brusque impulsion sur un gros morceau de toit et se propulsa en dehors de l'endroit où tous les débris atterrirent. Elle dérapa sur quelques mètres sur le dallage de l'église puis s'arrêta. Le tout n'avait duré qu'une infime seconde.

Le silence qui s'étira par la suite la rassura, personne ne l'avait vu ou entendu. Elle se retourna donc pour partir et retourner chercher sa pierre et c'est là qu'elle vit quelqu'un. Pas si seule que ça en fait. Pourtant, si son premier réflexe fut de s'excuser, il disparu rapidement en voyant l'homme debout sur les bancs, les bras levés vers le ciel tel un conquérant sur sa terre promise.

Bataillant ferme pour ne pas glousser, elle finit par échouer et se plia en deux de rire, pleurant même tellement la situation était cocasse. Si elle s'attendait à ça ! Elle finit pourtant par se calmer et se redressa tout en soupirant pour se remettre de sa crise de fou rire.

« Fiou.. J'ai cru que j'allais mourir de rire. » dit à voix haute la jeune femme avant d'afficher un grand sourire.

« Hey le conquérant de l'église ! » interpella-t-elle le jeune homme « Tu t'amuses bien ? » gloussa-t-elle.

Elle sautilla jusqu'à lui.

« C'est quoi ton nom ? Je t'appellerais pour animer les fêtes ! »